14 – FlareNetwork – Partie 3
Prérequis à la compréhension de cet article : https://cryptapero.fr/13-flarenetwork-partie-2/
« Dans les épisodes précedents »
Nous avons donc sur Flare
- des paires FLR/XRP FLR/LTC etc
- paires qui obtiennent un prix grâce aux Signal Providers (SP) et au FTSO
- des détenteurs de Sparks, ou « Spark holders » qui délèguent leur vote sur le prix à ces SP et son récompensés financièrement pour cela
- ces mêmes détenteurs de Sparks qui votent aussi pour prendre des décisions sur l’évolution de la blockchain
- ceci dans une démocratie liquide où l’on peut déléguer tout ou partie de ses votes de gouvernance à une ou plusieurs personnes, qui pourront elles-mêmes les déléguer à d’autres à leur tour
- pour qu’au final ce soit le FTSO qui compile les données fournies par les SP et calcule les prix les plus précis possible pour chaque paire
- enfin les sparks holders qui peuvent, tout en votant, profiter ou non de leurs sparks, les votes étant détachables du token.
Quand on commence à faire des recherches sur Flare on tombe assez rapidement là dessus :
« Flare is the first trusless turing complete network based on a federated Byzantine Agreement »
Alors avant de plonger dans les contrats intelligents et les « F-Assets », maintenant que vous avez une meilleure idée du fonctionnement de base de Flare, je vous propose de prendre un peu de recul, de rembobiner un peu l’histoire et de faire un petit travail de fond en écoutant cette Interview de Hugo Philion par Crypto Eri (🙏), le CEO et cofondateur de Flare, en essayant de comprendre ce que ça veut dire. C’est quand même leur phrase d’accroche. Avec les deux chapitres précédents vous aurez moins de problème à comprendre son discours et pourrez vous concentrer sur les nouvelles notions qu’il aborde ici.
Attention au contexte de cette interview qui date de Septembre 2020. Cela faisait un mois environ que Flare avait annoncé son lancement initialement prévu Q2 2021, on s’imaginait avant l’interview que seul XRP pourrait être intégré à leur écosystème, XRP était valorisé à 0.2€, et Flare venait seulement d’annoncer l’airdrop de Sparks pour les détenteurs de XRP le 12/12/20.
N’oubliez pas que vous pouvez non seulement activer les sous titres automatiques, mais également leur traduction automatique. On arrête pas le progrès !
https://www.youtube.com/watch?v=GroQe9mLHiU
Avez-vous fait attention au cadrage de sa webcam et à la toile sur le mur ? Tout sauf un choix anodin de sa part.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cr%C3%A9ation_d%27Adam_%28Michel-Ange%29
Turing complete
Il commence par expliquer qu’ils ont d’abord conçu Flare pour permettre à des blockchains non programmables de l’être. Ca représente plus de 70% des blockchains existantes soit plus de 6000. Joli cas d’usage. On retrouve ici le « turing complete » car une machine de Turing peut se résumer à un algorithme, donc un programme. Il faut juste retenir que le spark est programmable et que leur réseau permet de programmer d’autres blockchains à l’aide du spark.
Il expose ensuite dans cette vidéo deux problèmes qu’il considère comme fondamentaux sur la blockchain Ethereum (Qui a les smart contracts nativement rappelons-le, EVM) malgré sa version 2.0 qui arrive et le PoS , et en quoi Flare pourrait être un concurrent sérieux sur le moyen terme à cet égard. (9:45)
- Le fait qu’un token une fois stacké sur une blockchain PoS ne puisse servir à rien d’autre. Sa valeur est « gelée ».
- Le fait que la sécurité du réseau repose en partie sur la valeur du token lui même.
Il explique que de ce fait, pour augmenter les cas d’usages d’Ethereum, et donc sa sécurité, son prix doit monter, ainsi que la quantité d’Ethereum stacké, ce qui est autant de valeur bloquée, que l’on ne peut déplacer ou faire fructifier, car on en a besoin dans les stacks pour maintenir la sécurité du réseau. Vous vous souvenez des votes détachables du spark ?
Il résume cela en disant que la version 2.0 d’Ethereum et le passage au PoS va permettre à la blockchain d’augmenter significativement le nombre de transactions par secondes, mais au détriment de toute cette valeur qui devra être bloquée pour en assurer la sécurité. Cette version 2.0 ne résous donc qu’en partie les problèmes de scalabilité rencontrés aujourd’hui par Ethereum.
C’est donc entre autre en ayant en tête de résoudre le problème de scalabilité de Ethereum que Flare et son équipe ont mis au point leur blockchain.
Dîtes vous que lorsque vous créez une blockchain et son token, c’est un peu comme quand vous créez votre personnage dans un jeu de rôle. Vous avez disons 20 points de compétences à répartir dans plusieurs caractéristiques : Force, agilité, endurance, magie etc… Suivant la distribution de ces points votre personnage sera efficace dans certaines situations et beaucoup moins dans d’autres. Et bien lors de la création d’une blockchain les développeurs font le même travail. Suivant le problème qu’ils souhaitent résoudre, ou le cas d’usage qu’ils souhaitent adresser, ils vont prioriser la vitesse à la confidentialité, l’anonymité à la sécurité etc…
Ces choix techniques peuvent aussi, comme dans le cas de Flare, être guidés par une vision ou une éthique. Avoir choisi le Proof of Consensus, imaginé le FTSO et implémenté la démocratie liquide au cœur de Flare reflète une volonté évidente de la part des fondateurs de vouloir donner à la fois du pouvoir et de la liberté aux acteurs de l’écosystème, et pas uniquement à ceux qui ne font que spéculer. Aucun jugement ici, je souligne simplement que Flare ne se limite pas à « Buy low, hodl, sell high ».
Pour revenir à l’interview, Hugo explique ensuite que du fait de l’architecture de Flare, il serait possible de créer des stablecoins, colatéralisés par le Spark, sur le Ledger de XRP, grâce au FXRP. L’histoire l’a montré avec Trustline qui vient de lancer le premier Stablecoin de cette sorte, Aurei. Mickey B Fresh a réalisé une Interview du fondateur de Trustline. Je ferai probablement un article dédié sur le sujet. Ici il présente leur application.
https://twitter.com/MrFreshTime/status/1359573861868650497?s=20
Hugo détaille ensuite l’intérêt des SC face aux contrats traditionnels, qui sont ni plus ni moins que des programmes informatique, le fait qu’une des deux parties ne puisse pas s’exempter du contrat dès lors qu’il est lancé, et que l’EVM est le standard actuel en la matière. Ils ont donc choisi de nativement le supporter pour inciter et aider les développeurs à migrer d’Ethereum vers Flare s’ils le souhaitent.
Trustless
Il insiste ensuite sur le fait que Flare est très décentralisé, qu’il repose sur le Federated byzantine agreement, et qu’il ne sera pas possible pour un état, un gouvernement, une institution ou tout organisme de contrôler. De ce fait, la confiance est implicite, il n’est pas nécessaire de la gérer au sein du protocole, c’est l’architecture du réseau qui la garantit. Le protocole est donc « sans confiance », Trustless.
« Federated Byzantine Agreement ? Houlà tu m’a perdu »
C’est la base du « Proof of Consensus », ou PoC. Chaque blockchain est composée de noeuds. Pour valider un bloc, soit un ensemble de transactions, et résoudre ainsi le problème de double dépense, un certain pourcentage de noeuds doit tomber d’accord sur les transactions qui sont valides et celles qui ne le sont pas. Le Proof of Work le fait par la puissance de calcul. Le PoC par le vote.
https://www.youtube.com/watch?v=RZqsUaDBgTY
« Et ton federated machin la dedans ? »
Federated Byzantine Agreement
Le FBA consiste à rendre un programme informatique très résistant que ce soit aux pannes électriques, à des résultats mathématiques faussés, aux bugs dans le code, maintenir une base de donnée cohérente etc. pour que ça ne tombe jamais en panne et que le protocole reste fiable en toute circonstance.
Alors pour faire « simple » (parceque c’est en réalité encore plus compliqué !), du fait que la validation des transactions se fasse par le vote des noeuds ou chaque noeud a le même poids, il ne peut plus y avoir de lutte de pouvoir. On ne peut plus jouer à celui qui a la plus grosse. Ce n’est pas celui qui a le plus de puissance de calcul qui choisit (PoW), ni celui qui a le plus gros capital (PoS). Ce sont des nœuds votant sur un pied d’égalité qui le font. La confiance est donc native. Une entité, une nation, une institution; ne pourra jamais prendre le contrôle d’une blockchain reposant sur le PoC, instaurant ainsi la confiance indispensable au monde traditionnel pour adopter cette nouvelle technologie décentralisée.
D’autre part le fait qu’il y aura toujours consensus pour la validation des blocs rend la blockchain très robuste et résistante aux attaques. Chaque noeud est l’exacte copie de l’autre, ils sont tous redondants. Que se passe-t-il si les mineurs de Bitcoin s’arrêtent d’un coup, ou si les stackers reprennent leurs fonds ? Si l’on ne peut plus valider de blocs ? Avec le PoC, une coupure électrique dans une région de Chine ne privera jamais le réseau d’une partie de sa capacité à valider les blocs. Un noeud défaillant ne pourra jamais mettre en péril le fonctionnement ou la stabilité de la blockchain. Manquerait plus qu’Elon Musk mette quelques noeuds dans ses satellites tiens… 🧐
Ce niveau de robustesse permet aux blockchains reposant sur le PoC de respecter le FBA.
Alors si je devais traduire « Flare is the first trusless turing complete network based on a federated Byzantine Agreement » je dirai quelque chose comme :
Flare est le premier réseau à confiance implicite gérant les contrats intelligents et respectant les normes dictées par l’accord Byzantin fédéré.
En résumé : C’est fiable, décentralisé, très résistant et programmable. Tout ça pour ça.
CQFD 😉